Collectif
Nouvelle Marge lance ses cahiers. Notre premier est consacré à André Suarès. Nous y retrouvons des textes déjà publiés en ligne dans Mauvaise Nouvelle et également des textes écrits spécialement pour notre cahier. Se retrouvent autour de la figure d’André Suarès : Rodolphe Arfeuil, Luc-Olivier d’Algange, Stéphane Barsacq, Lionel Borla, Maximilien Friche, Valéry Molet, Guillaume Sire et Sarah Vajda. Et pour que ce cahier soit réellement complet, des inédits d’André Suarès lui-même nous ont été confiés par Stéphane Barsacq.
ISBN : 978-2-491657-08-6
EAN : 9782491657086
Écrire sur, c’est encore et toujours écrire, André Suarès lui-même en fit l’exercice tout au long de sa vie. Les contributeurs de ce cahier sont à la fois passeurs de littérature et écrivains. Il n’est pas fait ici exercice de critique, de travaux universitaires, nous avons simplement demandé à des écrivains d’écrire au sujet, à côté, à cause… d’un autre écrivain. Nous sommes avec ce cahier, fidèles à l’anti-ligne éditoriale de Mauvaise Nouvelle. Le formatage n’est assurément pas pour nous. Une grande diversité dans la forme et la longueur des textes, correspondant à la personnalité et au talent de chacun, se constate. Tribunes, articles, entretiens, petits essais, faux dialogue, controverse, digression créative, poèmes et même peintures s’articulent autour de l’œuvre d’André Suarès.
Sous la direction de Maximilien Friche avec : Rodolphe Arfeuil, Luc-Olivier d’Algange, Stéphane Barsacq, Lionel Borla, Valéry Molet, Guillaume Sire, Sarah Vajda
Des inédits d’André Suarès
Suarès, tout poétiser pour tout transmettre par Maximilien Friche
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Suarès aime mettre en dialogue les poètes avec les artistes, les musiciens. Suarès est le passeur par excellence, l’aristocrate qui n’a reçu que pour transmettre, une gargouille de plus qui se déforme pour bien nous vomir tout ce qu’il a reçu. Il a beaucoup écrit sur les autres, et on y trouve aussi et avant tout lui-même, en entier. Un écrivain doit se mettre dans son œuvre comme matière première, il doit se muter en phrases, en poésie. Il écrit et passe tout, il n’en garde pas un peu sous le coude pour un entre-soi quelconque. Il écrit en poète, il ne sait pas écrire autrement, que ce soit dans ses correspondances, dans ses textes, dans ses récits. Sa façon de dire est chant, son interprétation y est dedans. « Il ne faut être jaloux que de la langue et d’en garder la pureté : elle transmue en génie français toutes les matières, même le plus rebelles. » Les écrits de Suarès ne sont pas théoriques, tout est prétexte à nous livrer sa langue radicale et poétique. « Avec ces livres, Suarès joue sa vie, propose au lecteur de jouer la sienne, et peut-être de la sauver. » (Stéphane Barsacq)
Si jamais Simone Weil… par Guillaume Sire
Dans un texte intitulé Notre Pascal, André Suarès a imaginé une rencontre entre Spinoza et Pascal. Les dates concordent. Suarès pensait que Spinoza aurait réussi à convaincre Pascal que la Bible n’était qu’un livre parmi d’autres. Devant la sagacité du « Prince des Philosophes », notre parieur préféré aurait retiré ses jetons. Je vous propose de renverser l’expérience en prétendant que si André Suarès avait rencontré Simone Weil (les dates concordent), il aurait abandonné son âme à Dieu. En quelques phrases prononcées à la fin des années 1930, la Vierge Rouge aurait réussi à agenouiller le Condottière.
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Le Visage de l’esprit par Lionel Borla
Qui était cet homme au regard de hibou
Qui ne s’est jamais couché, toujours debout ?
Petites billes noires et piquantes
Tels deux grains de poivre
Si la plèbe les croque, elle va déguster !
Ce petit marseillais à l’âme si douce et propre est un grand homme
Aucune concession, élever plutôt qu’abaisser
Fausse misanthropie car haute idée de l’esprit,
Aussi grande et large que son front
Cette rigueur implacable qu’il a toujours eue depuis son enfance,
aussi raide et inflexible que sa chevelure
Luisante parfois comme la lumière de son esprit
Percer avec le regard,
Percer avec l’esprit
Poser les grandes questions
Trouver les grandes réponses
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